Hélène Bastuji, hôpital neurologique, unité d'hypnologie, Lyon.
Tout d'abord parce qu'en général, on en possède la prédisposition génétique, qui est associée à celle du somnambulisme. Ce phénomène, souvent banal et que l'on appelle somniloquie, peut survenir chez 5 % à 18 % de la population. Les somniloques le sont depuis l'enfance. Ils ont plus de chances de parler en dormant s'ils sont fatigués, fébriles ou perturbés et ils utilisent plus volontiers leur langue maternelle lorsqu'ils sont bilingues. L'émission de paroles pendant le sommeil survient sans que le sujet ait une conscience précise et immédiate de cet événement ; elle peut apparaître spontanément ou provoquée par une conversation avec le dormeur. Les épisodes de somniloquie peuvent survenir dans n'importe quel stade de sommeil, habituellement au cours du sommeil lent léger et parfois au cours du sommeil paradoxal ou du sommeil lent profond. Souvent, le contenu des épisodes survenant en sommeil lent est en relation avec des événements de la vie quotidienne ou des sujets de préoccupation, alors que ceux qui surviennent en sommeil paradoxal ont un lien direct avec le contenu du rêve en cours. Le mécanisme de mise en jeu de la somniloquie est d'ailleurs différent selon le stade de sommeil au cours duquel elle survient. Au cours du sommeil lent, il s'agit d'un éveil incomplet, dit dissocié : les structures cérébrales permettant l'usage de la parole et éventuellement une certaine interaction avec l'environnement, sont actives mais le fonctionnement général du cerveau ne permet pas la prise de conscience précise de ce qui se passe, ni la mémorisation correcte. Pendant le sommeil paradoxal, il existe normalement une chute du tonus musculaire et une paralysie physiologique empêchant la mise en action de l'activité cérébrale intense ; la parole émise survient alors en raison d'un défaut de maintien du système de paralysie et les propos sont en relation directe avec le contenu onirique, le rêveur agissant son rêve.

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